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Laurent Mourguet (1789/1844), père de Guignol et les autres

Laurent Mourguet, fils de Canut.

 

Née à Lyon le 3 mars 1769 dans une famille de Canut, le petit Laurent est baptisé le même jour dans l’église Saint-Nizier comme en témoigne un acte de baptême conservé aux archives municipales de la ville de Lyon.

 

Durant sa jeunesse il apprend le métier à tisser et ne reçoit que l’éducation dans les ateliers de son père ou dans le quartier. Il ne sait donc pas écrire mais par contre il est fort probable qu’il sait lire, car beaucoup de Canuts de l’époque aiment particulièrement le livre et le théâtre.

 

Le 22 novembre 1788 il épouse en l’église Saint-Georges Jeanne Esterle, fille d’un vigneron de Saint-Fois-Les-Lyon. Ils auront dix enfants. Durant leurs sept premières années conjugales, ils résidèrent rue Saint-Georges puis rue du boeuf à Lyon.

Laurent Mourguet, marchand ambulant.

 

Le temps passe, le tisseur quitte son Bistanclaque*1 pour vivre de

ces bras et son talent. Avec le peu de picaillons*2 qu’il gagne dans

les foires, il se constitue des aiguilles, des peignes, des picarlats*3

ou autre petit stock pour devenir marchand ambulant. Durant cette

période révolutionnaire et donc mouvementé, il vend sa marchandise

dans les fêtes et marchés campagnards. Il y fera la connaissance de 

lieux, de Gones et apprit plus singulièrement le parler de la région

Lyonnaise.

 

En 1795, il aménage dans son nouveau logement à Saint-Paul car

celui-ci n’était plus adéquate pour accueillir ça famille qui ne cesse

de grandir.

 

Laurent Mourguet, arracheur de dent.

 

Près de 1797, il devient arracheur de dent sans aucune qualification. Cette pratique n’était à l’époque qu’un art forain et non de la médecine. Mourguet ne gagne non pas des pécuniaux*4 en arrachant les dents, mais en vendant après ces interventions quelques drogues. Pour attirer et convaincre la clientèle, il installe un petit théâtre de marionnette à côté de son fauteuil. Pour des raisons de commodité, il utilise la marionnette à gaine avec des personnages Italiens en vogue à l’époque comme Polichinelle, sa femme, le diable...

Laurent Mourguet, marionnettiste.

 

Vers 1804, il décide de devenir marionnettiste professionnel. Il installe son premier castelet allé des Brotteaux au milieu de la place du petit Tivoli. Durant ces représentations, il improvise et relate des faits d’actualité avec ces marionnettes Italiennes. Pour faire progresser et animer ces spectacles, Lambert Grégoire Ladré dit « le  père Thomas », connut dans la région Lyonnaise pour ces talents de comédien, se joint à lui. Debout devant le castelet de Laurent, Thomas chante, joue du violon et attire les passants pour la représentation. Durant cette dernière, le père Thomas improvise des scènes satiriques avec les poupées qu’anime Mourguet. Le succès est probant.

 

Le temps passe, les marionnettes Italiennes ont fait leur temps et la collaboration Mourguet/Thomas s’estompe. La raison en est pour le penchant qu’a « le père Thomas » pour le Beaujolais. Il lui arrivait souvent de boire plus que de raison, d’où ces absences répétées et ces sautes d’humeur imprévisibles.

Laurent Mourguet, père de Gnafron.

 

La saison suivant, Mourguet s’installe au jardin Chinois non loin de son ancien adjoint. L’absence de Lambert Grégoire Ladré provoque un grand vide. Pour le combler, une jolie légende raconte que Mourguet aurait réalisé une marionnette à son effigie. Gnafron est né. Mais la création de Gnafron par Mourguet père n’est pas formelle, aucuns documents ni preuves n’ont été découvert dés lors.

 

A la fin de cette nouvelle saison, Mourguet quitte le jardin Chinois. Cela dit, il continu à jouer dans un théâtre fixe dans le rez-de-chaussée d’où il vit. Le père Thomas l’aurait de nouveau rejoint d’après une lettre  de Morel de Voleine. Ces spectacles ne peuvent nourrir toute la famille, il travaille en appoint dans les crèches de la ville dont je reparlerai dans un prochain article.

Laurent Mourguet, père de Guignol.

Polichinelle n’est plus intéressant voir même lassant

pour son public. Il décide de créer un nouveau

personnage suite au succès de Gnafron.

Il donna naissance à Guignol dont le visage ressemble

à Mourguet lui-même. Pour ces vêtements il se serait

inspiré du père Coquart, l’un de ces personnages de la

crèche. Je reviendrai un jour plus en profondeur sur

l’esthétique de Guignol. Personne ne sait réellement

la date de naissance de Guignol.

 

Selon Tancrède de Visant, certains pencheraient pour 1808.

 

Durant les premières années de la naissance de Guignol, lorsqu’il n’y a pas de tournées, Laurent joue seul l’été au jardin Chinois et l’hiver place Saint-Paul. Il continu tout de même de travailler dans les crèches de la rue Noire puis celle de la rue Ferrandière.

 

Laurent, Etienne et Rose Pierrette Mourguet, la première troupe.

 

Ne pouvant jouer que de deux personnages, Mourguet père décide d’embaucher son fils Etienne et sa fille Rose Pierrette. Plus tard le marie de Rose Pierrette, Claude-Louis-François Josserand se joint à la petite troupe. Durant les tournées entre 1820 et 1830, les textes s’étoffes, s’allonges et se multiplies. Le tout apporté par une bonne partie d’improvisation.

Laurent Mourguet et sa troupe au café du Caveau.

 

En 1826, le premier café-théâtre permanent ouvre prêt sans doute de la rue Saint-Louis, actuelle rue Mont-Charmond. La clientèle du Caveau est populaire, il attire des ouvriers et des artisans. Le théâtre est proche de leur lieu de travail. Il n’est pas seulement un moyen de se divertir, il permet aussi de se tenir informé de l’actualité du quartier. Le Guignol pour enfants et les tournées sont quant à eux un moyen de rapporter un revenu supplémentaire.

 

Laurent Mourguet et ça retraite à Vienne.

 

A 71 ans, Mourguet père quitte la troupe avec sa femme et son petit-fils Michel Josserand pour Vienne. Ils logent rue des Serruriers et ouvrent un petit théâtre pour enfant rue des Clercs. Il survient plus tard un accident dans ce petit théâtre dont je reviendrai dans un article. Après cet évènement, Laurent s’installe rue des Clercs tandis que depuis quelques temps son petit-fils est parti à l’armée.

Laurent Mourguet, le décès d’un saltimbanque*5.

 

Au mois de décembre 1844, Laurent Mourguet tombe

malade et meurt le lundi 30 décembre à cinq heures

du matin. La veuve Mourguet enverra des lettres à son 

petit-fils qui prouve ce triste évènement.

 

*1 Bistanclaque: machine à tisser.

*2 picaillons: argents.

*3 picarlats: morceaux de bois.

*4 pécuniaux: argents.

*5 saltimbanque: artiste de rue.

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