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Le caveau des Célestins (1826/1867)

Le théâtre du Caveau est le premier café-théâtre permanent ou se joue Guignol à Lyon. Il est situé au numéro 1 de la rue Saint-Louis, actuelle rue Montcharmont.

 

Etienne Mourguet en est le responsable et tenancier, aidé par Claude-Louis Josserand, ancien chapelier et mari de Rose Pierrette Mourguet.

Laurent Mourguet père ne jouera que peu de temps dans ce castelet*1.

Cette nouvelle formule de café-théâtre va modifier la clientèle du Guignol. Les clients du théâtre sont d’origine populaire. On y trouve des journaliers, des canuts, des artisans, des ouvriers, des  tisseurs semi bourgeois...

 

Mais la plupart des clients  sont des crocheteurs du port d’Ainay car leur lieu de travail se trouve non loin du théâtre. Ce dernier est un moyen pour les illettrés de se tenir au courant de l’actualité du quartier.

Durant la journée, les marionnettistes se tenaient informé de l’actualité du port de la Saône, grâce plus particulièrement au père Chapelle. Puis le soir venu, ils en informaient la clientèle du Caveau.

Description et articles de la gazette de Lyon...

 

Une cave oblongue, avec le théâtre au fond, et son rideau qui représente le quai des Célestins. La bière mousse sur toutes les tables, cette bonne bière de Lyon, que vous connaissez et aimez tous, la fumée des pipes monte en spirales à la voûte et vous couronne de ses nuages blanchâtres. Dans les entractes une musique bizarre mais qui n’est pas sans harmonie domine les lazzis des buveurs. Si quelquefois vous avez passé une soirée d’hiver les pieds sur vos chenets, seul dans un grand fauteuil à lire Hoffmann, vous retrouverez chez Mourguet ces scènes de brasserie qui lui inspiraient tant de merveilleuses histoires. Quant aux habitués du lieu, ils ne portent pas de gants de paille et des bottes vernies, mais sous ces dehors peu élégants battent des cœurs qui en valent bien d’autres. Ce sont d’honnêtes travailleurs qui, le soir, viennent oublier les labeurs de la journée, avec leur tabac, leurs chopes de bière et les pointes de Guignol. Ce sont de rudes mariniers dont le dévouement et la probité sont bien connus, ou bien quelques bourgeois qui trouvent là une distraction économique.

 

En 1848, le fils d’Etienne, Jean-Jacques Mourguet, prend la relève. Claude Louis Josserand  quant à lui quitte la troupe, remplacé par Victor-Napoléon Vuillerme-Dunand dont la fille épousera Louis Josserand, fils de Claude Louis Josserand. Victor-Napoléon Vuillerme-Dunand devint le plus grand manipulateur du Guignol Lyonnais mais il fut aussi le premier à ne pas être de la famille Mourguet.

 

En 1850, Grandjean prend les rênes du théâtre et rappelle Louis Josserand.

La salle étant trop petite les incidents se multiplient.

 

Entre 1850 et 1867, le caveau connaît des difficultés à cause entre autre de la concurrence du café Condamin. Des tensions se crées, y plus est, entre Louis Josserand et son patron. Malgré le retour de Vuillerme-Dunand, le caveau sombre peu à peu.

 

Au cours de l’année 1867, le Caveau finit par fermer ces portes suite à une escroquerie du propriétaire.

 

*1 castelet: théâtre de marionnette à gaine.

Le théâtre du café Condamnin (1852/1888)

Ce théâtre ouvre ces portes le 8 septembre 1852

dans une cave au 16 rue Écorche Bœuf. Dans les locaux de Jean Antoine Condamin propriétaire du lieu mais aussi serveur des limonades pendant les représentations.

Actuellement, il ne reste plus rien de ce castelet*1,

si ce n’est un poste E.D.F. dans la rue Port du Temple.

L’équipe se constitue de Victor-Napoléon Vuillermet

Dunand qui joue Guignol,  Louis Josserand et son fils

Laurent. Pendant de nombreuses années l’ambiance

est au beau fixe. Il faut dire qu’elle est soutenue par le succès sans cesse grandissant du café Condamnin.

Description et article du Courrier de Lyon...

 

Quelle merveille de couleur locale que cette entrée par la rue Port-du-Temple, qui s’appelle aussi, entre vieux, la rue Ecorche-Bœuf, ce corridor qui descendait à la façon d’un couloir de cave, ce coude brusque et, de l’autre côté de la porte à double battant, cette salle incomparable, d’un spectacle unique... Elle avait pour spécialité de ne pas connaître le luxe nuisible de la moindre fenêtre ou du plus petit soupirail. Si un peu d’oxygène éprouvait l’envie d’y pénétrer, il pouvait passer par la porte du fond, on n’y voyait pas d’inconvénient, mais du diable si on faisait rien pour l’appeler. Aussi, au bout d’une heure, quelle délicieuse étuve! Quelle belle fabrique de fluxion de poitrine! Quand on sortait de cette étuve chauffée à quarante degrés et qu’on retrouvait, dans la rue et sur la place des Jacobins, le bon brouillard glacé des nuits d’hiver, il fallait, je vous en réponds, avoir des poumons chevillés dans le corps pour ne pas les voir se fondre, le lendemain, en bronchites, catarrhes et pleurésies. Mais le spectacle valait bien qu’on courût quelques risques. Dans ce caveau (car il n’y a pas à barguigner, c’était un caveau), luxueusement tapissé d’un papier rouge, où cinq ou six femmes découpées dans un autre papier gris avaient la prétention mal justifiée représenter les différentes parties du monde, on s’empilait avec délices. Et ce qu’on était mal assis! Il y avait là une collection de tabourets d’une telle exiguïté que si on y établissait une... Assise, l’autre surplombait et donnait la sensation d’un équilibre aussi instable que fatiguant. Et, Dieu sait, les exquises limonades trop gazeuses qu’on feignait d’y boire.

Malheureusement le 21 mai 1855, Louis Josserand décède dans son domicile, au 108 rue Saint-Georges. Son fils Laurent lui succède dans le rôle de Gnafron.

 

Le 29 novembre, il épouse Anne-Jeanne Vuillerme-Dunand... Les deux familles se rejoignent.

 

De 1855 à 1865, le Guignol Lyonnais classique est au sommet de sa gloire. Le beau-père et le gendre jouent du théâtre d’ombre en première partie puis Guignol en seconde.

En mars 1866, les deux marionnettistes partent à la conquête de Paris. Louis Josserand remplace son frère, aidé par sa femme, sa belle-mère et Henry dans le rôle de Gnafron.

 

L’expérience Parisienne est un échec pour Victor-Napoléon Vuillermet Dunand et Louis Josserand. Ils reviennent en 1868 finirent leur carrière dans la cave de la rue Écorche Bœuf jusqu’en 1876. Le 4 mai de la même année, Victor-Napoléon Vuillermet Dunand décède, succédé par Delisle, Minne et Henry.

 

En 1878, le théâtre est racheté par Pierre Rousset, l’innovateur des parodies de Guignol, que nous allons nous pencher dans un prochain article.

 

*1 castelets: théâtres de marionnette à gaine.

Le passage de l’Argue (1857/1956)

Crée en 1857, ce théâtre, dont le propriétaire est E. Grange,  se trouve dans la cave d’un café situé entre le passage de l’Argue et la rue Thomassin, sous la statue de Neptune. Sa clientèle, exclusivement adulte, est fidèle malgré que le quartier n’ait une mauvaise réputation. Au début, l’équipe du café est composée essentiellement de marionnettistes issus du caveau des Célestins.

 

En 1862, la salle du caveau de l’Argue est détruite pour une nouvelle flambant neuve dans le nouveau passage de l’Argue. L’équipe elle aussi est transformée, laissant place à Gabrielle Avocat, Louis Josserand II et  son équipe.

 

Louis Josserand II et sa troupe, quittent la café du passage de l’Argue en 1866. Les anciens du café Condamnin prennent la relève.

 

En 1868, arrive Pierre Rousset qui débute en tant qu’assistant puis par la suite interprète de Guignol.

Au cour de l’année 1878, Pierre Rousset rachète le théâtre du café Condamnin dans lequel il débutera ses premières pièces de parodie. Après son départ, Louis Henry et Jean-Baptiste Minne prennent la relève dans le castelet*1 de l’Argue.

 

Laurent Josserand apporte sa contribution en sein du

théâtre en 1880 alors qu’il est à la retraite. Il fit en sorte que la tradition du théâtre Mourguet père soit maintenue et cela jusqu’à sa mort en 1892.

Le théâtre ferme ces portes en 1926. Il fut le théâtre qui défendra la tradition du théâtre Mourguet père face au théâtre Condamnin, Pierre Rousset et ces innovantes parodies qui essuyèrent malgré tout quelques critiques.

 

*1 castelet : théâtre de marionnette à gaine.

Le théâtre du Gymnase (1888/1966)

Le théâtre du Gymnase, situé au 30 quai Saint-Antoine, est une salle de spectacle créé en 1843 par Raphaël Flancheron à la place de l’ancienne chapelle de la commanderie des Antonins. Elle servait de couvent et d’hospice pour les malades atteints par l’ergot du seigle. Disposé sur deux étages, cette salle à l’Italienne possède entre 450 et 500 places.

 

La période Rousset…

 

En 1888, Pierre Rousset, un ancien du théâtre du passage l’Argue, rachète le théâtre pour le dédié à Guignol. Il collabore avec des marionnettistes que sont Albert Avon, Tony Tardy, Louis Josserand et Albert Chanay.

 

L’industrie ainsi que la société ont évolué, les gens sont plus instruits ce qui leur permettent de s’ouvrir à la littérature. Ils se tiennent désormais au courant de l’actualité par la presse journalistique, Guignol n’est plus cette fameuse gazette populaire de l’époque. Pierre Rousset est bien conscient de cette évolution, ildécide donc de créer un nouveau genre théâtral pour Guignol et ces personnages: la parodie.

Malgré certaines critiques, ces pièces sont un véritable succès pour cette nouvelle clientèle plus aisée et littéraire. Les pièces dites classiques sont relégué en première partie, tandis que des parodies comme Faust, l’Africaine, Cyrano de Guignol et d’autres, se retrouvent en tête d’affiche.

 

La période Neichthauser…

 

En 1907, Joseph Mercier vend le théâtre à Pierre

Neichthauser et sa femme Eléonore Josserand,

arrière-petite-fille de Laurent Mourguet. Dès lors,

les nouveaux propriétaires change le nom de la salle

pour celui de « Théâtre Guignol-Mourguet du Gymnase ».

Cette année marque le début de la période la plus brillante de l’histoire du théâtre. En effet, au cours des

années suivantes, de nombreuses personnalités ont insisté aux représentations, comme Justin Godard, Edouard Herriot ou Joséphine Baker.

 

L’équipe familiale est soudé et solide. En 1930, nous pouvons dire qu’elle est composée d’Ernest (Guignol), Pierre (Gnafron), Hélène et Eléonore Neichthauser ainsi que Frédéric Josserand, Claudia Mazière, Albert Avon, Joseph Deléaz, Fernand Oldra et Albert Chanay.

A l’intérieur de ce castelet*1 on y joue des pièces classiques, des parodies et des créations aussi bien pour les adultes que les enfants. L’équipe ne se contente pas que de jouer au quai Saint-Antoine, elle fait également des tournées dans les villes d’eau comme Vichy ou Luchon.

En 1927, Frédéric Josserand quitte la troupe suite à une histoire familiale. Il récupère dans le même temps les marionnettes qu’il a sculpté. Puis fonde la troupe Josserand-Mourguet avec ces filles Jeanne et Marie-Louise ainsi qu’Henri Brunel, époux de Marie-Louise Josserand.

 

Après la guerre en 1945, la situation décline peu à peu, en effet, la concurrence de la télévision ainsi que l’évolution des mentalités marquent un coup d’arrêt sévère pour l’équipe du théâtre.

 

Le 4 décembre 1953, Pierre Neichthauser (Gnafron) décède, remplacé par son frère Ernest (Guignol).

 

Dans l’année 1966, le maire de l’époque Louis Pradel songe à rénover le quartier Mercière et Saint-Antoine. Le théâtre Guignol du Gymnase est donc transféré de l’autre côté de la Saône, dans le Vieux-Lyon au 2 de la rue Carrand. C’est la fin d’un illustre théâtre. Finalement, le projet urbain de Louis Pradel n’est plus, la salle est donc conservé puis transformée en théâtre moderne pour la compagnie des Ateliers dans les années 70.

Aujourd’hui, au 30 du quai Saint-Antoine, il ne reste plus que la porte d’entrée dans le hall portant l’inscription « Guignol », vestige de cet honorable théâtre.

 

*1 castelet : théâtre de marionnette à gaine.

Le théâtre du Petit Bouif ( 1963/1983)

 

Tout commence en 1955, où la Société Renaissance du Vieux Lyon fait appelle à Jean-Guy Mourguet pour présenter sur la place de la Trinité la pièce classique de Guignol « le déménagement » en personnage réel. Le succès est grandissant, Jean-Guy Mourguet habillé en Guignol donne la réplique à Jean Clerc en compagnie entre autre de Janine Tardu-Billot une amie de longue date. Après cette expérience, Jean-Guy Mourguet, Jean Clerc et Janine Tardu-Billot décident de monter leur troupe de Guignol.

 

En mai 1956, ils se produisent pour la première fois dans le musée Gadagne.

 

Plus tard en 1957, la troupe jouent « Strip-Trique », se rapprochant ainsi de leur style satirique qui leurs est propre.

 

Au cours de l’année 1958, Jean-Guy et ces compères jouent « Camélias à Gogo » durant 15 jours au théâtre Saint-Antoine.

Ernest Neichthauser ne voulant pas que la troupe à Jean-Guy joue dans son théâtre le soir, celle-ci décide de s’installer finalement dans le théâtre des Marronnier.

 

Tout bascule au cours de l’année 1963, Jean-Guy Mourguet change de travail dans un cabinet d’architecte à Saint-Georges. Fred Carrier, son nouveau patron possède ainsi deux anciennes boutiques au rez-de-chaussée du 53 rue du Bœuf. L’une est une droguerie qui deviendra l’atelier d’architecture, l’autre est une ancienne cordonnerie que le patron de Jean-Guy tient à ce qu’elle devienne un théâtre de Guignol. Le premier théâtre fixe de la troupe est installée et l’association « Le Cercle Laurent Mourguet » crée.

 

Le théâtre se nomme « Le Petit Bouif » signifiant « Le Petit Cordonnier ». Il contient environ 40 places assises. La troupe est amateur, ils répètent et jouent le soir. L’équipe était au début du théâtre composée d’Henri Brunel (Guignol), le père de Jean-Guy Mourguet (Gnafron), Jean Clerc (Toinon), Janine Tardu-Billot (Madelon), Andrée Burtin (Bourgeoise), Bernadette Chatouillot (Bourgeoise), Jean Bégule (Rôle de composition) et Simone Cocagne (Caisse et comptabilité). La mère de Jean-Guy s’occupe elle des costumes dans l’arrière cuisine du théâtre. Dans cette pièce on y prépare les marionnettes et les décors. Cette pièce était un endroit important pour la vie de la troupe, Jean Clerc y servait sa soupe avant chaque représentation.

 

Le succès du théâtre est significatif, il faut réserver des mois à l’avance pour avoir sa place.

Les spectacles sont quant à eux exclusivement adultes et interprétés le jeudi soir.

On y joue des pièces satiriques en rapport avec l’actualité, parmi elles on retient :

 

  • Les Nuits du 4 Août (1967/1968).

  • La nouelle Lune (1967/1968).

  • Voyage autour de la Crèche (1968/1969).

  • Marianne à pompons (1969/1970).

  • La Ficelle qui tue (1971/1973).

  • Ugène X53 (1971/1973).

  • L’Auberge du Pont du Rhône (1973/1974).

  • Vade métro Satolas (1974/1975).

  • Marionnettes sur un trottoir (1976).

  • La Légende de Sylvermort (1978).

  • L’épouvantable nuit de l’infortunée Baronne Ecologia de Creys-Malville (1979).

  • Don G (1980/1981).

  • Place au thiiiatre (1981).

  • Faux testament (1977/1978).

  • La Marianne à Pompoms (1969/1970).

  • L’auberge du Pont du Rhône (1972/1973).

  • Les Nuits du vice-roi (1985).

 

En 1978, Jean-Guy Mourguet reprend le rôle de Guignol.

 

En 1980, la compagnie reçoit sa première subvention de la ville suite à l’arrêt des sœurs Neichtauser.

 

En 1983, suite à une proposition de ville, la troupe de Jean-Guy déménage au théâtre municipal. Ils réalisent à cette occasion un nouveau déménagement grandeur nature du  53 rue du Bœuf au 2 rue Carrand. C’est la fin du théâtre du Petit Bouif, qui a permis de donner un second souffle à Guignol qui en avait grandement besoin dans les années 60/70.

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